Produire du poisson pour réduire les agressions sur le Parc national de Taï
Les promoteurs du micro-projet piscicole de Djouroutou comptent bientôt approvisionner les localités autour du Parc national de Taï en protéine halieutique. Ils apportent ainsi une réponse alternative au braconnage et au commerce de la viande de brousse.
La consommation et la commercialisation de la viande de brousse poussent certaines personnes, riveraines du parc ou non à se livrer à la chasse illégale des espèces de faune du Parc national de Taï. Les données du suivi écologique et de la surveillance montrent que les espèces les plus braconnées sont les singes et les céphalophes.
Pour pallier ces problèmes, les gestionnaires du parc et leurs partenaires soutiennent les activités génératrices de revenus à la périphérie du parc. Le groupement Benkadi de Djouroutou (localité située au Sud-ouest du Parc) s’est inscrit dans cette initiative. En décembre 2011, ce groupement a bénéficié d’un appui financier du Fonds Ivoiro-Suisse de Développement Economique et Social (FISDES), par le biais des gestionnaires du parc, pour la réhabilitation de sa ferme piscicole. Ses caractéristiques sont les suivantes :
- 4 étangs de 306 m² en moyenne par étang ;
• 1 retenue d’eau de 3937 m² ;
• une digue de 75m de long ;
• un canal d’alimentation de 140m de long ;
• un canal de drainage de 80m ;
• un bâtiment de stockage des aliments et du matériel (à achever).
Les étapes déjà franchies par la ferme
L’aménagement
Cette première étape a consisté à créer les infrastructures (étangs, retenue, digue, canaux, etc.).
L’introduction des alevins
2800 alevins de 5g chacun ont été ensuite introduits le 08/03/2012. Ces alevins mâles et femelles confondus ont été alimentés pendant environ deux mois pour atteindre un poids de 23 g, poids requis pour le sexage.
Le sexage
Le sexage consiste à séparer les alevins mâles des femelles. A l’issue de cette opération, 792 mâles destinés à la commercialisation ont été introduits dans la retenue. Les femelles (1045) et quelques mâles (60) ont été remis dans les étangs pour la production des futurs alevins.
Pour la réalisation de chacune de ces étapes, les promoteurs (9 hommes et une femme) ont travaillé sous la supervision du chargé des infrastructures et du Chef Secteur du Parc national de Taï. Ces promoteurs ont reçu une formation continue en sexage et en alimentation des alevins. Ils recevront très prochainement une formation en comptabilité simplifiée, pour une meilleure gestion financière de leur ferme.
Un avenir prometteur avec plus de 5000 poissons tous les 6 mois
Selon leurs estimations, le groupement Benkadi, compte produire 5437 poissons de plus de 300 g tous les six (6) mois. Avec plus d’une tonne et demi de poissons tous les 6 mois, il y a certainement de quoi fournir de la protéine animale aux populations riveraines. Le gain financier brut à chaque cycle de 6 mois est estimé à 1 812 000 FCFA.
Mieux, les promoteurs du groupement Benkadi ambitionnent augmenter leur surface d’élevage de 2400m2, ce qui leur permettra d’avoir 4800 poissons supplémentaires par cycle, soit 1.600.000 Fcfa en plus.
Au regard de ces estimations, on peut déduire que les fermes piscicoles sont de véritables alternatives au braconnage et à la commercialisation de la viande brousse. Les populations doivent encourager les promoteurs en consommant les produits d’élevage, tels que le poisson, qui est du reste plus nutritif.
« Ensemble, disons NON au braconnage et à la viande de brousse et OUI aux produits d’élevage »