Les journées du 24 et 25 août 2018, resteront gravées dans la mémoire des 51 femmes issues des villages de Noékro et de Sirikikro, localités mitoyennes du Parc national de Taï (PNT) dans le Secteur d’ADK/V6, réunies pour une formation en héliciculture, appelée communément l’élevage d’escargot.
En vue de résoudre la problématique de l’érosion de la biodiversité du PNT, l’ONG conservation Taï et le gestionnaire du parc travaillent en synergie à travers une série de sensibilisations et de formations.
L’escargot qui est un produit forestier dont les populations sont très friandes, se fait de plus en plus rare dans les forêts et les brousses, leurs habitats naturels. En effet, les exploitations forestières et agricoles détruisent les forêts naturelles, réduisant ainsi l’espace vital naturel des escargots géants. De plus, le ramassage continu des escargots de grande et de petite taille dans les forêts réduit chaque année la population de ces mollusques.
Pour mieux faire passer son message, il était donc nécessaire pour le formateur OHOUSSAN Eric Stéphane, ingénieur agronome, d’expliquer aux apprenants l’écologie ou mode de vie de l’escargot mais aussi l’itinéraire technique pour l’élevage de cette espèce.
Selon lui, cette activité ne comporte que des avantages en milieu forestier, en ce sens que ce milieu possède les conditions climatiques dans lesquelles s’épanouie véritablement l’escargot. Mais le seul inconvénient qu’on peut déplorer, c’est l’usage des pesticides. En effet, le projet prévoit d’installer des escargotières (abris pour escargots) dans les plantations des cacaos qui font limites avec le Parc national de Taï. Toutefois des dispositions sont prises pour éviter toute interaction entre les produits phytosanitaires et les escargots.
Que savez-vous de l’héliciculture ?
L’héliciculture est l’élevage des escargots. L’escargot géant comestible est un mollusque gastéropode munit d’une coquille. Cet élevage peut se pratiquer sur une surface de 1 mètre de largeur sur 5 mètres de longueur, pour 25 escargots. En situation d’élevage, l’escargot peut se reproduire 3 à 4 fois dans l’année, contre 2 fois à l’état sauvage. Au bout de 3 mois les escargots biens nourris peuvent atteindre 50 grammes et sont commercialisables. Le producteur peut maximiser ses bénéfices quand les escargots ont 150 grammes (entre 6 et 9 mois). Le prix peut alors osciller entre 1000 et 2000 FCFA le kilo. C’est une activité simple qui pour son fonctionnement, ne requiert que peu d’intrants et qui sont disponibles en abondance dans la nature ou que l’héliciculteur (éleveur d’escargots) peut facilement produire ou se procurer. Vu l’intérêt des populations pour cette protéine, l’élevage de l’escargot géant comestible est activité génératrice de revenu à fort potentiel.
Quel est son mode de vie ?
L’escargot vit en forêt sous les grandes feuilles sèches de la surface du sol à l’ombre des grands arbres. Il ne sort qu’en saison pluvieuse après les grandes pluies pour se nourrir dans un premier temps puis pour rechercher un partenaire pour s’accoupler. Le milieu de vie de l’escargot à coquille rouge rayée en héliciculture doit présenter les mêmes caractéristiques que le milieu naturel c'est-à-dire : l’ombrage perpétuel, l’abondance d’humidité et de la litière, la disponibilité de l’aliment ; l’absence de pesticides dans le sol car néfastes pour leur existence. L’escargot se nourrit de feuilles fraîches (taro, papaye, manioc, gombo, patate, igname), de fruits et de tubercules, de détritus qu’il trouve dans son milieu.
Quel est l’intérêt de cette formation ?
Au terme de cette formation, c’est avec le cœur rempli de joie que Mme SANGUI Loukou Agathe, bénéficiaire s’est exprimée. « Nous aimerions que des activités de ce type se réalisent régulièrement dans nos localités, car cela permettra de mettre fin à toute envie de squatter ou de s’introduire frauduleusement dans le parc pour rechercher du gibier ou pour ramasser des escargots sauvages ». Au regard de l’engouement suscité par ces séances de formations, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce projet est une véritable aubaine pour inculquer de nouvelles notions d’activités génératrices de revenus autour du PNT, toute chose qui permettra, sans aucun doute, d’obtenir des acteurs engagés aux côtés des gestionnaires du parc.