Evaluer les variations spatiales et temporelles de la diversité biologique, tout en mettant l'accent sur l'évaluation de l'efficacité des politiques de gestion, tel est l’objet du suivi écologique ou biomonitoring.
S’il est vrai qu’il existe plusieurs méthodes d’échantillonnage permettant le comptage des espèces animales en milieu naturel, au Parc national de Taï, le programme de suivi écologique basé sur le comptage des observations directes et indirectes s’est toujours fait par la méthode des transects en ligne, depuis 1977.
Une évolution au fil des décennies
Cette méthode a évolué au fil des décennies. L’échantillonnage alors localisé à la périphérie du parc, s’est peu à peu étendu vers l’intérieur, pour couvrir finalement la totalité du site en 2005. La technique d’échantillonnage a une nouvelle fois été révisée en 2015 au cours d’un atelier. Bien qu’elle ait permis d’obtenir d’importants résultats au niveau de la répartition spatiale des espèces animales, il est demeuré des lacunes au niveau de l’estimation de leurs densités et abondances.
Utilisation des caméra-pièges, une méthode révolutionnaire ?
Tout porte à le croire, une véritable révolution est en train de s’opérer dans la sphère du suivi écologique au Parc national de Taï. En lieu et place de la technique de comptage des observations directes et indirectes (indices de présence), une méthode et un dispositif impressionnant de caméra-pièges et autres matériels est en train d’être déployés sur le site. Ce sont au total 200 caméras qui sont utilisés pour cette phase pilote qui a débuté depuis le 25 mars 2019. D’autres instruments et outils sont également utilisés. Ce sont notamment des boussoles, GPS, Smartphones, décamètres, échiquiers, sangles, tournevis, fiches numérotées de 1 à 15 et fiches de collecte.
Notons que la technique de collecte qui est utilisée a été développée, dans une étude pilote conduite par une doctorante de l’Institut Max-Planck d’Anthropologie Evolutionniste (MPI-EVA).
Des agents collecteurs formés et motivés
Cette phase mettra en action 58 acteurs (superviseurs, agents et auxiliaires) qui ont été formés, à l’utilisation correcte du matériel, à Soubré à la Direction de Zone Sud-ouest de l’OIPR, à ADK , à la SRET et sur sites à l’intérieur du parc. Cette méthode par caméra-pièges est d’un grand intérêt, car elle permettra de répondre au mieux, à l’épineuse question relative à la taille précise des populations animales dans le parc et leur localisation. Elle permettra également d’avoir des informations sur le mode de vie, les périodes d’activités de plusieurs espèces animales difficiles à observer et ceux dont on a très peu d’informations.
Un appui considérable des partenaires
Rappelons que ce projet de biomonitoring par caméra-pièges est le fruit d’une collaboration entre la Wild Chimpanzee Foundation (WCF), l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR) et l’Institut Max-Planck d’Anthropologie Evolutionniste (MPI-EVA) de Leipzig en Allemagne. Il est financé par l’Agence Américaine de Développement (USAID) à travers le programme West African Biodiversity and Climate Change (WABiCC).